Abdelmotaleb, après avoir échangé ainsi le sang de son enfant contre le sang de cent chameaux égorgés par lui-même devant le temple de la Mecque, rentra dans sa maison, tenant par la main son fils Abdallah, le plus beau et le plus aimé du peuple, parmi tous ceux de sa race. Le peuple, en voyant Abdallah ainsi miraculeusement préservé et rendu à son père, ne douta pas quil ne fût prédestiné par le ciel à quelque grande chose future. Le bruit se i-épandit que le prophète des Arabes sortirait de lui. Une jeune femme noble et belle, de la famille de Harrith, fut frappée du rayonnement presque divin qui illuminait en ce moment le visage du jeune homme. Elle sapprocha dAbdallah pendant quil donnait la main à son père, et, se penchant à son oreille, elle lui dit : « Je te donnerai autant de chameaux quon vient den immoler pour toi, si tu consens à me choisir, cette nuit, pour épouse ! » Elle aspirait à être la mère du grand homme ou du demi-dieu que lArabie attendait. Mais Ahdallah lui répondit : « Je dois, en ce moment, suivre mon père. » Abdelmotaleb conduisit directement son fils chez Wahb, un des chefs les plus considérés de la Mecque. Il lui demanda sa fille Aminà, pour épouse dAbdallah. Lunion consacrée par les fêtes de ce joui- dheureux augure fut accomplie dans la même nuit. Le lendemain, Abdallah, étant sorti de la maison de Wahh, rencontra sur la place du temple, la femme qui avait désiré, la veille, être son épouse. Mais elle parut le voir avec indifférence. Abdallah laborda et lui dit: « Désires-tu encore aujourdhui ce que tu demandais hier ? -Non, dit la jeune Coraïte, je ne veux plus rien de toi ; la lumière qui brillait hier sur ton visage a disparu. » Mahomet avait été conçu dans le sein dAminà. La splendeur avait passé du visage de son époux sur le sien.
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