Cétait lépoque où le pèlerinage attirait à la Mecque des Arabes de toutes les parties du désert. Ils convinrent de saposter sur les routes pour prémunir les pèlerins contre les nouveautés quun prétendu prophète, neveu dAboutaleb, semait comme un schisme dans la Kaaba. «Convenons aussi, délibérèrent-ils avant de sortir de la ville, de ce que nous dirons séparément aux pèlerins, afin que nos paroles concertées ne se démentent pas les unes les autres. «Dirons-nous que cest un devin ? Non, car il na ni laccent convulsif et incohérent, ni le langage plein de consonnances affectées de nos devins. «Dirons-nous que cest un insensé ? Mais toute sa personne respire la dignité et la réflexion. «Dirons-nous que cest un poète ? Mais il ne sexprime pas en vers. «Dirons-nous enfin que cest un magicien ? Mais il nopère point de miracles; il ne pratique aucun des mystères de la magie ; sa seule magie est dans lhabileté et la persuasion de ses lèvres. «Disons donc que cest un ennemi public qui sème par ses artifices la désunion dans les familles, qui envenime les cours qui fait que le frère se sépare du frère, le fils du père, la femme du mari ».
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