Avant de retourner à Médine, Mahomet dispersa la plus grande partie de son année dans lArabie Pétrée, pour imposer par lexemple de la Mecque, et par lappareil de la force, la soumission à toutes les tribus. Ses lieutenants avaient ordre de se présenter moins en conquérants quen alliés; il leur était défendu de verser le sang. Lun deux, Khaled, transgressa cet ordre et massacra une tribu qui venait prononcer lacte de foi au Dieu unique ! En apprenant ce massacre, Mahomet indigné leva ses bras au ciel et sécria : « Mon Dieu, je suis innocent du crime de Khaled ! » Dans sa marche vers Médine, il fut attaqué, cependant, à la sortie du défilé dArafat par une coalition de guerriers des tribus infidèles, commandée par un vieillard aveugle, âgé de plus de cent ans. Son bras ne pouvait plus manier le sabre; mais sa vieille expérience en faisait toujours loracle du désert. II passait les revues de ses rassemblements, non à la vue, mais au bruit de leurs hordes, quil reconnaissait sans quon eût besoin de les lui nommer. « Nous sommes à telle place, disait-il, cest un bon champ de bataille pour la cavalerie, le sol nest ni rocailleux ni mouvant - Jentends bêler les brebis de telle tribu ; - jentends braire les ânes de telle autre ; - jentends les pas des chameaux de celle-ci, - jentends le sabot des coursiers de celle-là; -jentends pleurer les enfants et chuchoter les femmes derrière les guerriers. » Cette multitude, débouchant tout à coup des gorges des montagnes qui cachaient leurs escadrons, refoula et dispersa les musulmans jusque autour de Mahomet lui-même ; il faillit périr dans son triomphe. Lançant sa mule blanche Doldol à toute course et sarrêtant sur une éminence, il parvint avec peine à rallier ses soldats épouvantés. «À moi ! criait-il dune voix tonnante, à moi ceux qui ont prêté serment de mourir sous lacacia » Ce souvenir sacré arrêta les faibles et raffermit les braves. Le combat tourna contre les infidèles. Mahomet, sélevant sur ses étriers pour dominer de loeil la mêlée, battit des mains de joie et sécria : « Enfin voilà le feu rallumé dans la fournaise ! »
Ali coupe les jarrets du chameau qui portait le scheik centenaire, le drapeau roule avec lanimal et le cavalier dans la poussière, la victoire est aux musulmans. A cette chute du drapeau, Mahomet sexalte «Couche-toi, Doldol, dit-il à la mule intelligente. » La mule sagenouille, le prophète ramasse une poignée de poussière et la lance au loin en malédiction contre les infidèles.
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