La Vie de Mahomet

(Alphonse de Lamartine, 1854)

Livre 1 - Chapitre 7

Les prêtres de Babylone conduisirent l’impie aux idoles, devant le roi Nimbrod, pour le faire châtier. « Quel est donc ton Dieu ? dit le roi au jeune prophète. - Mon Dieu, dit Abraham, est celui qui donne la vie et la mort. - Celui qui donne la vie et la mort, repartit Nimbrod, c’est, moi ! » Pour le prouver il fit amener en sa présence, des prisons de Babylone, deux criminels condamnés à mort et qui attendaient leur exécution. Il trancha la tête à l’un, il fit grâce à l’autre, et crut son interlocuteur confondu. Mais Abraham, d’abord embarrassé de nier ce sophisme en action, reprit ses sens, et portant au roi un défi de toute-puissance dans le ciel même : « Eh bien, dit-il, mon Dieu est celui qui fait lever le soleil à l’Orient ; fais-le lever à l’Occident ! Nimbrod répondit comme répondent les tyrans sans réponse, par le feu. Il fit jeter le jeune prophète dans un bûcher ; mais le feu devint froid, dit l’histoire. Abraham s’enfonça dans le désert de Mésopotamie avec sa famille, ses esclaves et ses troupeaux. Là commencent les Hébreux, Arabes de la Bible et de Jérusalem, fils d’isaac. Voyons ceux du désert et de la Mecque, fils d’Ismaël. Ce fut sur l’emplacement futur de cette ville, site alors sans habitants et sans source, qu’Abraham pour complaire à la jalousie de sa femme Sara, abandonna son esclave Agar et l’enfant qu’il avait eu d’elle, lsmaël. A peine l’infortunée Agar eut-elle épuisée les provisions de dates et d’eau qu’Abraham lui avait laissées pour elle et pour son fils, qu’elle éprouva les tourments de la soif, et qu’elle parcourut, désespérée, les vallées et les ravines desséchées de Safti, leur demandant en vain une goutte d’eau ou un suintement de rocher pour les lèvres de son enfant. Pendant cette absence de sa mère, lsmaël pleura d’impatience et de soif, et, frappant dans sa colère le sable de son talon, il en jaillit une source fraîche et pure. Agar accourut aux vagissements de son fils. Elle aperçut l’eau, et, craignant qu’elle ne s’évapora au soleil et ne se perdit dans le sable, elle pétrit la terre humide dans ses mains, et en forma un bassin pour la retenir. Cette eau miraculeuse, selon les Arabes, qui coule encore aujourd’hui, est la source du fameux puit de Zemzem de la Mecque qui bénit ceux qui la boivent.
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