On connaît Omar : miséricordieux de cour, absolu de foi, sans ambition pour lui-même, ambitieux de conquêtes à son Dieu, il convenait merveilleusement à létablissement dune religion qui ne prétendait encore rien pour ses sectateurs, mais qui prétendait lunivers pour son Dieu. Aussitôt quOmar eut accepté le gouvernement, il se rappela cette parole du prophète : «Ne laissez pas subsister deux religions dans lArabie. » Il exila les chrétiens et les juifs hors du territoire. Il leur assigna, en compensation, des terres et des demeures dans la partie de lIrak, de la Perse et de la Mésopotamie déjà conquise. Pendant quil sefforçait déloigner ainsi de lArabie tout élément de discorde, le brave Khaled, arrivé par le désert en Syrie, avec son détachement de larmée de Perse, livrait bataille aux Romains, à la tête de cinquante mille Syriens qui avaient adopté la foi nouvelle près dAiznadin. Cent vingt mille soldats ou auxiliaires dHéraclius, suivant les historiens arabes, quarante mille, suivant les chroniques byzantines, tombèrent sous le fer des musulmans. Le général et les principaux officiers dHéraclius senveloppèrent la tête de leurs manteaux, comme César, pour mourir. Le vent de lArabie abattait tout. Khaled, vainqueur, reçut sur le champ de bataille un courrier de Médine qui lui apportait la nouvelle de la mort dAboubekre et sa destitution. Le ressentiment dOmar, son ennemi personnel à cause du meurtre du mari de Leïla, ne létonna pas. Sans hésiter il remit le commandement à Abou-Obïda, désigné pour commander à sa place par Omar, aussi heureux de descendre que de commander en première ligne les chefs des croyants. Les restes de larmée romaine, réfugiés dans le vallon du Jourdain, auprès de Tibériade, lac fameux par les miracles du Christ, couvraient encore Jérusalem et lentrée de lEgypte.
Abou-Obeïda voulait y marcher ; Omar consulté répondit: «Frappez au cour. » Le cour, cétait Damas, vaste et opulente capitale de la Syrie et clef de la Mésopotamie. Constantinople et Alexandrie ne légalaient ni en population, ni en industrie, ni en fertilité de sol, ni en opulence. Les murailles embrassaient trois fleuves et des jardins délicieux.
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