La Vie de Mahomet

(Alphonse de Lamartine, 1854)

Livre 1 - Chapitre 91

Cependant le vieux chef des coalisés, remonté sur un autre chameau, et placé par ses fils dans une litière suspendue, fuyait dans une gorge des montagnes. Un jeune guerrier de Mahomet, Rabbya, atteint le chameau, et, croyant s’emparer d’une captive, il ouvre la litière et voit un vieillard « Qui es- tu et que veux-tu ? lui dit l’aveugle. - Je suis Rahbya, guerrier de Mahomet, et je veux te donner la mort ! » A ces mots, Rabbya frappe le prisonnier d’un coup de sabre mal assuré qui le blesse seulement à la gorge. «Enfant, dit le vieillard, ta mère t’a armé d’un sabre mal affilé ; prends le mien qui est au fond de ma litière, frappe-moi ensuite entre la nuque et le crâne c’est ainsi qu’autrefois j’ai abattu bien des têtes ! Et, quand tu verras ta mère, dis-lui que tu as tué le vieux fils de Simna. Ta mère te dira ce que me doivent les femmes de ta tribu ! » Rabbya, après avoir entendu ces paroles, fouille la litière, prend le sabre et coupe la tête de son prisonnier. En le dépouillant de ses vêtements, il s’étonna de trouver tout son corps velu comme celui d’un animal des forêts, à l’exception de l’intérieur des jambes, que le frottement perpétuel du coursier de guerre avait poli comme du marbre. Il porta à sa mère la tête chenue. En la voyant, sa mère pleura « Malheureux, dit-elle, tu as tranché la tête d’un homme à qui trois femmes de tes ancêtres ont dû autrefois l’honneur et la vie ! »
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