Il faiblit une troisième fois et fut tenté de remettre à Dieu le mandat quil croyait en avoir reçu, lui disant de faire lui- même son propre ouvrage, trop rude pour un simple mortel. Il se retira dans sa maison, il cessa de blasphémer les idoles accréditées de la foule, faisant pour ainsi dire un pacte de silence entre lerreur et la vérité. Il parut avoir renoncé à convaincre ses compatriotes. Il sattacha à convertir furtivement les Arabes Bédouins qui campaient sur les collines extérieures de la ville, et les pèlerins éloignés que le culte de la Kaaba amenait tous les ans à la Mecque. Quelquefois le vent qui enlève la semence du sillon où on la sème lenlève des mains du laboureur pour la faire tomber et fermer plus loin. Mais les Bédouins et les pèlerins étaient prévenus contre sa prédication par les membres mêmes de sa famille encore infidèle. Un de ses oncles, Abou-Lahab, zélé pour le temple des idoles, sattachait à ses pas quand il sortait de la ville, comme un surveillant à ceux dun insensé. Abou-Lahab criait aux étrangers abordés par Mahomet : «Ne lécoutez pas! Eloignez-vous de lui ! Cest un imposteur qui voudrait vous faire renier les dieux de lArabie pour les rêves quil vous apporte ! »
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