Ses sens, exaltés par lextase des voluptés, le transportèrent à cette époque de sa vie, par un évanouissement ou par un songe de son imagination, comme celui de la caverne, dans le ciel, où il sentretint avec les patriarches-pères de sa foi. Il rêva que sa jument, célèbre dans le désert par la rapidité de sa course, lemportait sur la poussière des soleils, dans les jardins (paradis du firmament). Il raconta en poète ce quil avait vu en extatique. Son paradis, rêve dun cour sensuel, rassembla tout ce qui, dans le monde futur, répondait le mieux aux félicités dun peuple guerrier, méditatif, pasteur et voluptueux dans le monde présent : une oasis, un jardin où lombre, les eaux, les fleurs, les fruits, les oiseaux chantants, berçaient léternelle oisiveté dune existence sans travail, et des vierges ou épouses célestes dune beauté divine prodiguaient aux élus livresse renaissante de lamour. Cette extase, racontée naïvement à la suite de son voyage imaginaire dans le ciel, réjouit ses ennemis. Ils trouvèrent ou la simplicité trop puérile, ou lartifice trop grossier. Le rire éclata dans la Mecque à cette prédication. Ses disciples mêmes sen scandalisèrent. Ils supplièrent le prophète de nen plus parler. « Non, dit-il, je trahirais celui qui ma ouvert les cieux, si je renfermais dans un lâche silence les merveilles quil ma permis de voir et dentendre » Quelques-uns de ses néophytes sentirent les bornes de leur foi et se retirèrent de sa secte. Ah persista malgré les railleries de ses amis. « Mahomet, dit-il, ne saurait mentir ; puisquil le dit, je latteste ! » Cette fidélité à labsurde lui mérita le surnom de croyant sur parole !
|