Les nourrices du désert, qui venaient ordinairement se disputer les nouveau-nés aux portes des familles puissantes, ne se présentèrent pas à la porte dAminà, parce quelle était veuve, et que les veuves, généralement pauvres, ne récompensait pas aussi largement que les pères les nourrices de leurs enfants. Enfin Halimà, une de ces femmes du désert qui vendaient leur sein, nayant pas pu trouver dautre nourrisson dans la ville, revint chez Aminà à la fin du jour et emporta lenfant. La crédulité des Arabes remarqua que, du jour où cet enfant fut entré dans la tente dHalimà, les prospérités et les fécondités de la vie nomade y entrèrent avec lui. Sa nourrice refusait de le rendre à sa mère, dans la crainte de perdre avec lui la bénédiction de sa tente. Peu dannées après quil eut été sevré, quelques symptômes de lexaltation mentale qui caractérisa plus tard lenfant confirmèrent cette superstition domestique qui sattachait à son berceau, et qui devait sattacher avec tant déclat à sa tombe. Le fils de la nourrice, gardant un jour les troupeaux avec son frère de lait, à quelque distance de la tente, accourut seul et en pleurs vers sa mère. «Quy a-t-il? demanda Halimà. - Mon petit frère de la Mecque, répondit lenfant, est couché à terre et ne peut se relever; il a vu deux hommes vêtus de blanc, qui lont terrassé et qui lui ont ouvert les côtes.» Halimà et son mari coururent à lendroit où était resté Mahomet. Ils le trouvèrent relevé, mais pâle et tremblant. Il leur raconta que deux esprits célestes lavaient endormi, et, prenant son cour dans sa poitrine, lavait lavé de toutes les souillures de la terre. Ces ablutions corporelles, symboles de la pureté de lâme, dont le prophète fit plus tard des prescriptions, furent sans doute un souvenir de ce premier songe de lenfant. La nourrice y vit le présage de quelques obsessions maladives de son nourrisson, et, ne voulant pas quil déshonorât ses soins en mourant sous sa tente, le ramena promptement à sa mère. « Tu crains quil ne soit possédé du mauvais esprit, dit Aminà à la nourrice, qui lui avouait ses inquiétudes, rassure-toi, le mauvais esprit na aucun pouvoir sur lui, une destinée immense attend cet enfant. » il resta six ans à la Mecque. Sa mère Aminà mourut au même lieu où était mort son père, en allant comme lui visiter ses parents à Yathreb. Elle laissa pour tout héritage à lorphelin, vingt chameaux et une seule esclave âgée nommée Oùmm-Ayman. Les soins de cette esclave, envers laquelle Mahomet conserva les sentiments dun fils, même après sa grandeur, remplacèrent ceux de sa mère Aminà. Son grand-père Abdelmotaleb, qui vivait encore, le recueillit dans sa maison. Ce vieillard avait lhabitude, comme les Arabes de haute naissance de la Mecque, de passer une partie du jour assis sur un tapis à lombre des murs de la Kaaha. Les petits enfants qui lui étaient nés dans sa vieillesse jouaient autour de lui avec lenfant dAminà. Celui-ci, objet de la prédilection de son grand-père, occupait toujours la place la plus rapprochée du vieillard sur le tapis. Quand les spectateurs sen étonnaient et voulaient par respect, écarter lenfant: « Laissez, disait Abdelmotaleb, il a le pressentiment de sa grandeur future.
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