Abdallah, envoyé peu de mois après son mariage par son père à Yathreb, ville éloignée, pour y chercher une provision de dattes, mourut dans ce voyage à lâge de vint-cinq ans, et fut enseveli dans le pays de Nadjir, sous les palmiers dun de ses oncles. Sa veuve Aminà portait Mahomet dans ses flancs. Elle rêva quun fleuve de lumière sortait de son sein, et se répandait comme une aurore sur la face de la terre. Elle lenfanta le 1er septembre de lannée 570 après le Christ. La coutume des Arabes sédentaires puissants, vivant dans les villes, était ce quelle est encore aujourdhui. Ils faisaient élever leurs fils dans les familles des Arabes nomades vivant sous la tente. Lobjet de cette espèce dadoption était double: premièrement lenfant contractait ainsi dans la vie rurale et pastorale un corps plus sain et des habitudes plus mâles. Secondement, laffection qui naissait entre lenfant et la famille nomade dans laquelle il avait sucé le lait et commencé la vie donnait à la famille puissante à laquelle il devait le sang une clientèle indissoluble dans la famille rurale qui lavait vu grandir. Son grand-père Abdelmotaleb donna, le lendemain de la naissance de son petit-fils, aux principaux habitants de la Mecque un festin pour lequel on immola plusieurs chameaux. « Quel sera le nom de lenfant en lhonneur duquel tu nous convies ? demandèrent à la fin du repas les Arabes. - Mohammed ! » répondit laïeul. Ce nom inusité à la Mecque étonna les convives. «Ce nom, dit le vieillard, signifie le glorifié. Je le donne, parce que jespère que lenfant qui vient de naître pour perpétuer ma race sera glorifié par Dieu dans le ciel, et par les hommes sur notre terre ! »
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