La dernière femme de Mahomet, Maria la Copte, qui était chrétienne, lui donna un fils à son retour dans Médine. Il le nomma Ibrahim et célébra des fêtes splendides à sa naissance. Sa belle esclave Maria fut affranchie par Mahomet en reconnaissance de lenfant quelle avait conçu. « Le fils, dit-il dans le Coran, affranchit la mère ! » Les esclaves fécondes devinrent ainsi libres par la maternité. Toutes les femmes de Médine se disputèrent la gloire de donner leur lait au fils et à lhéritier du prophète. Il lui donna pour nourrice une femme illustre par sa naissance, épouse dun de ses guerriers. Il allait souvent visiter lenfant chez sa nourrice. La mort, qui semble envier la postérité aux grands hommes, lui enleva promptement ce fils. Ses ennemis qui regardaient la privation denfant mâle comme une disgrâce céleste, donnèrent à Mahomet le surnom ignominieux dhomme sans continuation de lui-même . Des querelles domestiques troublèrent, depuis ce jour, la paix de son harem. La fécondité de Maria la lui avait rendue plus chère. Son affranchissement interdisait au prophète les rapports de tendresse que la loi permettait avec son esclave . Les autres femmes légitimes de Mahomet, jalouses des fréquentes visites quil faisait à Maria, murmurèrent contre ces préférences . Sa seconde femme, Hafsa, rentrant un jour inopinément dans sa chambre, surprit Maria sur le tapis du prophète; elle éclata en reproches et en sanglots. Mahomet, craignant les accès de jalousie que ses entretiens avec la jeune mère dibrahim soulèveraient dans son intérieur, pria Hafsa de ne rien révéler à ses compagnes, et lui jura quil ne reverrait jamais Maria. Hafsa promit tout et ne tint point sa parole. Elle confia laventure à Aiche, son amie. Aiche, fière et jalouse, ébruita partout sa colère. Mahomet punit ces rivales en répudiant Hafsa et en séloignant dAïché pendant un mois. Il ne témoigna sa tendresse quà la mère de son fils.
Omar, père dHafsa, Aboubbekre, père dAiche, prirent parti pour leurs filles. Mahomet craignit de les aliéner de lui plus longtemps. Il reprit Hafsa, il rendit sa tendresse à Aïché; mais il promulgua un verset spécial du Coran pour légitimer sa faiblesse de cour pour lEgyptienne. « Femme, dit ce verset, si vous vous insurgez contre le prophète, sachez que Dieu se déclare pour lui. Il ne tiendrait quà lui de vous répudier toutes, et le Seigneur lui donnerait des épouses meilleures que vous ! » Ces dissensions féminines ne flétrirent pas aux yeux des Arabes la divinité de sa mission. Des centaines de vieillards, députés des peuplades les plus lointaines, venaient lui apporter la soumission et les tributs de lArabie. Les ambassadeurs des Arabes errants disputaient aux Arabes sédentaires à Médine la prééminence dans laffection du prophète. Des luttes déloquence et de poésie sétablirent sur ce texte entre les orateurs et les poètes des deux races. « Nos généalogies, disaient les Bédouins, nous assurent la noblesse et lempire; nous sommes les guerriers et les sages ; nous coupons les têtes qui prétendent se lever au niveau des nôtres ! - Nous sommes les hôtes et les compagnons de Mohammed, répondait pour les Médinois le poète Hassan ; pour défendre sa vie, nous avons exposé celles de nos femmes et de nos filles Quoi ! vous osez parler de noblesse et de gloire devant nous, vous qui donnez des nourrices à nos enfants et des esclaves à nos demeures ! » Les ambassadeurs bédouins confessent la supériorité du génie dHassan, le poète du prophète. Cependant Mahomet voulut les consoler en sentretenant avec un jeune homme dentre eux qui était demeuré, à cause de la modestie de son âge, à la garde des chameaux, hors de la ville. Après avoir entendu ce jeune orateur qui surpassait en sagesse et en persuasion les vieillards : « Véritablement, sécria-t-il, léloquence est la magie de lâme !» Il en fit un missionnaire de sa foi dans le désert. Ce disciple lui convertit des milliers de tentes.
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