Toutes ces troupes, commandées par Abou-Obeïdah et Yézid, ayant fait leur jonction dans la longue et large vallée de lArabie, où le Jourdain coule vers la mer Morte, y attendirent le choc de soixante mille Romains commandés par les généraux dHéraclius. Aboubekre, instruit de leur danger, écrivit à Khaled, le vainqueur de la Perse, dabandonner un moment ses conquêtes pour venir renforcer en Syrie larmée musulmane. Khaled obéit. Il partagea son armée en deux corps ; lun chargé de garder sa conquête, lautre de marcher avec lui vers la Syrie. Le désert quil avait à franchir avec dix mille hommes était immense et inconnu. Les étoiles devaient seules le guider. Un Bédouin soffrit à le conduire. On devait marcher cinq jours et cinq nuits sans trouver un suintement deau dans ces vallons de sable. Les outres manquèrent pour porter le breuvage des hommes et des animaux. Le Bédouin, expérimenté dans ces détresses, conseilla à Khaled une ressource cruelle mais nécessaire au salut de larmée. On choisit les plus grandes et les plus fortes des chamelles de Perse ; on les priva deau pendant quelques jours, puis on les mena au bord dun fleuve où elles burent avec lavidité de leur longue soif. Ces chamelles, devenues ainsi des outres vivantes, suivaient larmée déchargée de tous fardeaux. Chaque soir on en immolait un certain nombre, et leau contenue dans leur estomac désaltérait les soldats et les chevaux de larmée musulmane.
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