La Vie de Mahomet

(Alphonse de Lamartine, 1854)

Livre 2 - Chapitre 8

Toutes ces troupes, commandées par Abou-Obeïdah et Yézid, ayant fait leur jonction dans la longue et large vallée de l’Arabie, où le Jourdain coule vers la mer Morte, y attendirent le choc de soixante mille Romains commandés par les généraux d’Héraclius. Aboubekre, instruit de leur danger, écrivit à Khaled, le vainqueur de la Perse, d’abandonner un moment ses conquêtes pour venir renforcer en Syrie l’armée musulmane. Khaled obéit. Il partagea son armée en deux corps ; l’un chargé de garder sa conquête, l’autre de marcher avec lui vers la Syrie. Le désert qu’il avait à franchir avec dix mille hommes était immense et inconnu. Les étoiles devaient seules le guider. Un Bédouin s’offrit à le conduire. On devait marcher cinq jours et cinq nuits sans trouver un suintement d’eau dans ces vallons de sable. Les outres manquèrent pour porter le breuvage des hommes et des animaux. Le Bédouin, expérimenté dans ces détresses, conseilla à Khaled une ressource cruelle mais nécessaire au salut de l’armée. On choisit les plus grandes et les plus fortes des chamelles de Perse ; on les priva d’eau pendant quelques jours, puis on les mena au bord d’un fleuve où elles burent avec l’avidité de leur longue soif. Ces chamelles, devenues ainsi des outres vivantes, suivaient l’armée déchargée de tous fardeaux. Chaque soir on en immolait un certain nombre, et l’eau contenue dans leur estomac désaltérait les soldats et les chevaux de l’armée musulmane.
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