Pendant que Khaled se préparait, à Hira, à une invasion plus générale de la Perse, Aboubekre proclamait la guerre sainte à Médine contre les Romains, maîtres de la Syrie. Ses lieutenants marchèrent en plusieurs colonnes sur les différentes provinces de la Syrie. L’empereur Héraclius, las de guerres et écrasé du poids d’un empire qu’il fallait étayer si loin, désira traiter avec ses envahisseurs. Les chrétiens fervents de sa cour lui firent un crime de sa mollesse. Les efforts des Romains ne firent que ralentir la conquête. Les musulmans s’avancèrent, dans la première campagne, jusqu’au cour de la Mésopotamie, au bord des fleuves qui arrosent la plaine fertile de Damas. Cette terre, ces eaux, ces vergers, ces murs de Damas, éclatants de blancheur à travers les ombres des saules, parurent aux Arabes du désert tine image du paradis terrestre que les traditions retrouvaient dans cette oasis. Aboubekre, avant de poursuivre jusqu’au Liban et jusqu’à la mer sa mission et sa conquête, écrivit à Amrou, un de ses apôtres les plus résignés ; il lui ordonnait de rassembler des guerriers dans les tribus, et de les conduire à Damas pour y grossir le torrent de l’islamisme. Amrou, qui gouvernait en paix des tribus pastorales, reçut ces ordres avec peine ; mais il n’hésita pas à obéir. «Je suis, dit-il, dans sa réponse au khalife, une des flèches de l’islam ; Dieu a mis l’arc dans ta main, c’est à toi à lancer la flèche vers le but que tu as choisi ».
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