Les étrangers, prévenus par lincrédulité des Coraïtes , lui prêtaient peu loreille. Ils le confondaient par ce mot de bon sens vulgaire qui se présente naturellement aux esprits irréfléchis: « Tes compatriotes et tes proches sont mieux placés que nous pour te juger; si tu veux nous persuader, commence donc par les convaincre ! » Les habitants dYathreb, ville jalouse de la Mecque, lécoutaient seuls avec quelque faveur. Cette ville, peuplée en grande partie de réfugiés juifs, imbus de lantique croyance dun Messie qui devait affranchir leur race, fomentait la même pensée parmi les Arabes dYathreb. «Cest peut-être lui, disaient-ils entre eux; eh bien, quil vienne, quil se déclare et quil nous délivre de la domination des ennemis de Jéhovah ! » Des députés dYathreb, Juifs ou Arabes, virent plusieurs fois lui proposer un asile et une libre prédication dans leur ville. Bien quil eût perdu sa parole et ses peines depuis dix ans quavait déjà duré sa prédication dans sa patrie, et quil entrât dans la cinquantième année de sa vie, il répugnait à quitter la Mecque, parce que cétait le centre le plus fréquenté et le plus retentissant de lArabie.
|