Elle nosa, selon lusage arabe, lui parler elle-même de ses sentiments. Elle lui fit parler par un vieillard de sa maison. Voici les paroles quelle lui fit porter «Mon cousin ! la parenté qui existe entre nos deux familles, la précoce considération qui tenvironne, ta sagesse et ta fidélité dans la conduite de mes caravanes, me font désirer de tappartenir ! » Mahomet, flatté dune si haute félicité, nosa néanmoins rien répondre sans laveu de son oncle Aboutaleb et de ses cousins. Aboutaleb vit dans cette union la gloire de sa maison et de la fortune de son neveu. 11 alla demander au père de Kadidjé la main de sa fille. Il se chargea de payer lui-même le prix du douaire de la veuve . Il rassembla dans un festin les chefs des quarante maisons les plus puissantes de la Mecque et leur annonça que le festin avait lieu à loccasion du mariage de son fils adoptif Mohammed avec la riche fille de son cousin. « Mohammed, le fils de mon frère, leur dit-il en se levant de son tapis, est dépourvu des biens de la fortune, de ces biens qui sont une ombre passagère, un dépôt quil faut rendre tôt ou tard à la terre ; mais vous connaissez tous ses vertus et la noblesse de sa naissance, vous savez que nul ne peut être comparé en sagesse à lui !» . Le jeune homme dont on parlait ainsi sans objection, dans le conseil de ses compatriotes, était-il, comme on la écrit sans cesse par ignorance, le fils obscur dun chamelier? Tous les Arabes, à ce titre, les plus petits comme les plus grands, étaient chameliers, car tous avaient le chameau pour signe de richesse et de puissance relative. Cest comme si lon appelait le fils dune maison noble de Normandie ou de la Grande-Bretagne fils de bouvier, parce que la fortune de ses pères consiste en troupeaux et en pâturages.
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