En Asie, le nom des Turcs apparaissait dune manière sérieuse dans les annales musulmanes. Un lieutenant du khalife, nomme Kotaïba, gouverneur du Khorassan, province autrefois persane, qui confine au nord avec le Turkestan, traversa lOxus à la tête dune nombreuse armée, près de cent ans après lhégire ou la fuite de Mahomet à Médine, et savança jusquà Saniarcande. La ville remplie de milliers de défenseurs, lui ferma ses portes. «Les Oracles, crièrent les hérauts de Samarcande en raillant limpuissance des Arabes, ont annoncé que Samarcande ne serait jamais prise avant quun conducteur de chameaux puisse y entrer en vainqueur ». On rapporta ce défi à Kotaïha. «Eh bien, dit-il, rendons grâce à Allah, cest moi quil a désigné pour conquérir cette capitale, car dans ma jeunesse, on disait que je ne serais jamais quun chamelier. » Ces paroles ranimèrent ses soldats, et, répandues parmi les Turcs, abattirent une superstition par une autre. Samarcande se soumit et paya le tribut annuel dun million de pièces dor et de trois mille esclaves. Kotaïba, clément pour les populations, implacable à lidolâtrie, sema lislamisme dans le Turkestan. Les peuplades de ces contrées, accoutumées à voir la loi de Dieu dans la victoire, portèrent bientôt dans le culte du Dieu unique le fanatisme quelles avaient si longtemps nourri pour leurs idoles. Sans patrie fixe dans ses steppes où elles chassaient indifféremment leurs troupeaux, elles choisirent le paradis des musulmans pour véritable patrie, et devinrent les apôtres sauvages, mais invincibles de leur foi nouvelle.
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