La Vie de Mahomet

(Alphonse de Lamartine, 1854)

Livre 2 - Chapitre 19

En Asie, le nom des Turcs apparaissait d’une manière sérieuse dans les annales musulmanes. Un lieutenant du khalife, nomme Kotaïba, gouverneur du Khorassan, province autrefois persane, qui confine au nord avec le Turkestan, traversa l’Oxus à la tête d’une nombreuse armée, près de cent ans après l’hégire ou la fuite de Mahomet à Médine, et s’avança jusqu’à Saniarcande. La ville remplie de milliers de défenseurs, lui ferma ses portes. «Les Oracles, crièrent les hérauts de Samarcande en raillant l’impuissance des Arabes, ont annoncé que Samarcande ne serait jamais prise avant qu’un conducteur de chameaux puisse y entrer en vainqueur ». On rapporta ce défi à Kotaïha. «Eh bien, dit-il, rendons grâce à Allah, c’est moi qu’il a désigné pour conquérir cette capitale, car dans ma jeunesse, on disait que je ne serais jamais qu’un chamelier. » Ces paroles ranimèrent ses soldats, et, répandues parmi les Turcs, abattirent une superstition par une autre. Samarcande se soumit et paya le tribut annuel d’un million de pièces d’or et de trois mille esclaves. Kotaïba, clément pour les populations, implacable à l’idolâtrie, sema l’islamisme dans le Turkestan. Les peuplades de ces contrées, accoutumées à voir la loi de Dieu dans la victoire, portèrent bientôt dans le culte du Dieu unique le fanatisme qu’elles avaient si longtemps nourri pour leurs idoles. Sans patrie fixe dans ses steppes où elles chassaient indifféremment leurs troupeaux, elles choisirent le paradis des musulmans pour véritable patrie, et devinrent les apôtres sauvages, mais invincibles de leur foi nouvelle.
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