La Vie de Mahomet

(Alphonse de Lamartine, 1854)

Livre 1 - Chapitre 33

Le jeune Ali, son cousin, élevé par lui comme son fils, et âgé seulement de douze ans , fut, après Kadidjé, le premier et le plus résolu de ses croyants. L’enfant, accoutumé à croire Mahomet sur parole, n’hésita pas à voir, dans ce second père, l’oracle de son esprit, comme il était celui de son cour. Avec un courage supérieur à ses années, il crut marcher à Dieu lui-même en marchant sur les traces de son cousin. Lorsque Mahomet allait faire ses prières sur les collines des environs de la ville, Ali, rebelle aux suggestions, aux incrédulités de ses plus proches parents et même d’Aboutaleb, son père, accompagnait de loin Mahomet dans un recueillement qui bravait la raillerie des autres enfants de son âge. On le voyait, disent les chroniques, agenouillé ou couché la face contre terre derrière Mahomet, imiter tous les gestes, toutes les attitudes, toutes les élévations de cour et toutes les paroles de son cousin. Un jour, son père Aboutaleb, les ayant suivis et surpris dans ces prières « Que faites-vous là et quelle religion nouvelle pratiquez-vous donc ? leur dit-il. - La religion du vrai Dieu, du Dieu unique, répondit Mahomet, celle de notre père Abraham. «Dieu m’a suscité pour la faire connaître aux hommes et les inviter à l’adopter. O mon oncle ! nul n’est plus digne que toi d’entendre cet appel, d’embrasser la vraie croyance et de m’aider à la répandre «- Fils de mon frère, répliqua Aboutaleb, je ne puis abjurer la religion de mes pères ; mais si on t’attaque pour la tienne, je te défendrai ! » Puis, se tournant vers son fils Ali, qu’il avait livré à Mahomet pour l’élever à la place des siens «Ton cousin Mohammed ne saurait rien t’enseigner de mal, lui dit-il, sois donc toujours docile à ses inspirations ! Après Kadidjé et Ali, le troisième fidèle qui embrassa de confiance l’islamisme, ou la religion de l’entier abandon à la volonté de Dieu, fut Sayd, l’esclave de Kadidjé, que Mahomet avait affranchi, et qu’il avait adopté pour fils. Un Arabe noble et d’une beauté célèbre parmi les tribus, nommé pour cette distinction du visage El-Atik, fut le quatrième. II changea de nom en changeant de Dieu et s’appela Aboubekre, ou le père de la Vierge, parce qu’il était père d’Aïché, ou Ayesha, jeune fille d’une merveilleuse beauté, qui fut depuis l’épouse de prédilection du prophète.
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