La profession de foi ouverte dAboubekre aux doctrines de Mahomet préserva lislamisme naissant de ce vernis de démence et de ridicule, premier sarcasme que le préjugé populaire ne manque jamais de jeter sur ce qui choque ses habitudes. Aboubekre était un de ces hommes dont ladhésion entraîne du côté où ils penchent, sinon la conviction, du moins le respect de la multitude. En avouant Mahomet pour son maître, il le couvrait contre le dédain ; il entraîna bientôt avec lui les principaux Coraïtes parmi la jeunesse élégante et guerrière de la Mecque Othrnan, de lillustre maison des Ommïades, Abderrahman fils dAuf, Sad fils dAbou-Waccas, Zobéïr neveu de Kadidjé, Taiha fils dObayddallah . Ces disciples confessèrent hardiment lunité de Dieu, la liberté de lhomme dans ses actions, le mérite de la vertu, le châtiment des vices, le devoir de la conformité des volontés résignées de lhomme à la volonté suprême et parfaite de Dieu, limmortalité des âmes, la récompense ou le châtiment après la mort selon la vie, laumône, la prière obligatoire, double sacrifice, lun du corps, lautre de lesprit, offerts au Père commun en échange des sacrifices de sang, les rites promulgués par Mahomet pour attester et nourrir cette foi, sorte de discipline de son culte à laquelle se reconnaîtraient les vrais croyants, enfin le caractère surnaturel du nouveau philosophe, dont les paroles, les écrits, les actes, impliquaient lobéissance, puisquils les croyaient émanés de secrètes communications de son esprit avec les confidents de la Divinité. Telle fut alors pour les Arabes toute la religion de lislamisme.
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