Khaled, resté en Syrie pour la contenir, sétait avancé de son côté jusquà lOronte ; les Arabes étaient maîtres dAntioche, cette rivale de Constantinople. Amr marcha sur Jérusalem à la tête dune autre armée. Jérusalem, quoique berceau et capitale du christianisme, fut forcée de se résigner à subir le joug des musulmans . Elle demanda pour tout honneur, dans sa défaite, de nouvrir ses portes quau khalife lui-même. Amr consentit à cette condition des vaincus. Omar, fier dapporter la loi de Mahomet à la ville du Christ, mais pénétré de vénération pour cet autre prophète à qui lislamisme reconnaissait devoir les plus purs de ses dogmes et les plus pures inspirations de sa morale, nhésita pas à satisfaire le voeu des habitants de la ville sainte des chrétiens. Il partit de Médine, non en conquérant, mais en pèlerin ; suivi dun seul esclave, vêtu dun manteau de poil de chèvre, monté sur un chameau qui portait deux sacs sur son cou, lun rempli de dattes, lautre rempli dorge, une outre pleine deau devant lui, un grand plat de bois derrière sa selle, il traversa le désert. Quand son esclave était fatigué, Omar le faisait monter à sa place sur le chameau et marchait pieds nus sur le sable. Ses généraux, instruits de son approche, savancèrent à cheval couverts de leurs plus brillants costumes de guerre au-devant de lui.
Omar, voyant ces premiers symptômes de luxe, de vanité et de corruption dans ses troupes sindigna. Il descendit à cet aspect de son chameau, et, ramassant des cailloux sur le chemin, il les lança avec des malédictions sur ces cavaliers vêtus dor et de soie, comme les Syriens et les Persans. « Osez-vous bien, leur dit-il, vous présenter à mes yeux sous ces ornements infidèles - Sous ces tuniques dor, répondirent-ils, nous portons des armes de fer ! ». Le khalife se tut et entra dans ses humbles habits à Jérusalem.
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