Ce ne fut quà partir de ce jour que Mahomet, renversé sur la montagne par de fréquents éblouissements, crut définitivement en lui-même, et accepta avec résolution les peines et les périls de la mission surnaturelle dont il se crut chargé. Ses entretiens en songe, en extase ou en évanouissement avec ce confident du ciel, Gabriel ou Namous, se multiplièrent ou extatiquement ou artificiellement au gré des besoins de son esprit et du plan quil avait conçu, pour convertir au Dieu unique de sa tribu comme ceux de Numa et dEgérie dans la vallée de Rome. Les premières révélations quil rapporta aux siens de ces extases furent lunité de Dieu, la conformité méritoire faite de la volonté de lhomme à la volonté sainte du Créateur, la prière cinq fois par jour, précédée dablutions corporelles, symbole de la purification de lâme, et la foi en lui-même comme prophète inspiré de Dieu et organe de ses mystères. La foi tendre et complète de Kadidjé au caractère prophétique de son mari doubla la sienne, écarta ses doutes, consola ses peines, raffermit les ébranlements de son courage. Il eut, à linverse des grands hommes, son cénacle domestique dans sa maison. Lislamisme commença comme une famille. On le pratiqua longtemps dans la demeure de Mahomet, avant quil fût répandu et pratiqué dans aucune autre réunion de Coraïtes «ou Coréischites». Ses premiers fidèles furent lui-même, sa femme, son neveu, ses filles, ses serviteurs. Il parut longtemps se contenter de cette conversion intime de lui et des siens à la foi pure dAbraham, espérant que Dieu se contenterait de ce culte restreint, et ne lui demanderait pas une propagation plus onéreuse de sa vérité.
|