Mahomet avait livré à la vengeance dAli dix-sept proscrits exceptés de tout pardon. Ali et ses soldats les poursuivaient pour les tuer. Deux dentre eux cherchèrent asile contre la mort dans la maison dune cousine du prophète, fille dAboutaleb nommée Hâni. Elle refusa douvrir sa porte aux bourreaux dAli, et courut vers la tente de Mahomet pour implorer leur grâce. En la voyant, Mahomet interrompit sa prière et fit quelques pas au-devant delle. « Sois la bienvenue, ma cousine, lui dit-il; que désires-tu de moi ? - Je te demande, dit Hâni, la vie de deux hommes qui sont venus se placer sous la protection de mon foyer. - Tes protégés sont les miens, répondit-il; que nul ne les touche ! » Il monta ensuite à cheval et fit le tour du temple. Ayant vu une colombe de bois sculptée suspendue encore au toit, il la brisa contre la muraille. A ce signal, les trois cent soixante simulacres didoles qui formaient la corniche extérieure du temple furent précipités en poussière sur le parvis. « La vérité est venue, sécria-t-il, que les ombres et les mensonges sévanouissent ! Coraïtes , il ny a plus dautres Dieu que Dieu Il a rempli aujourdhui ses promesses à son serviteur, et fait triompher son nom unique des ennemis qui le défiguraient Plus didolâtrie plus dinégalités sur la terre ! plus de superbe différence fondée sur lantiquité des généalogies et des ancêtres ! Tous les hommes sont enfants dAdam, et Adam est lenfant de la poussière Le but commun de la création est une société fraternelle ! Le but apprécié de Dieu est celui qui le craint et le sert le mieux sur la terre » Puis il promulgua, avec une amnistie générale, loubli de toutes ses injures personnelles. Il sassit ensuite devant ta porte du temple, rendu par sa parole et par ses armes au Dieu unique, et sembla jouir, dans une profonde extase, de laccomplissement de sa mission et de lextension future de sa loi. Aboubekre lui amena un vieillard aveugle âgé de près dun siècle, et qui désirait avant de mourir, toucher la robe du prophète, dont il attendait depuis longtemps lavènement pour détruire les superstitions de sa race. «Pourquoi avoir fait sortir ce vénérable scheik de sa maison ? dit Maliomet à Aboubekre ; je serais allé moi-même le visiter dans sa demeure ! » II fit asseoir le vieillard sur son tapis, et, lui passant familièrement la main sur la poitrine, il lui proposa de prononcer la formule de la conversion au Dieu unique. Le vieillard la prononça avec des larmes de joie Il alla de là se placer sur une éminence de la colline de Sâfa, où il reçut le serment de toute la population fidèle. Cette conversion en masse de la patrie de Mahomet à lislamisme alarma de nouveau les Médinois. « Il va établir sa capitale dans la ville de son berceau, disaient-ils tout bas entre eux. - Non, dit Mahomet fidèle à la reconnaissance, je jure de vivre et de mourir avec vous ! »
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