Mais pendant que Khaled franchissait le désert pour obéir à Aboubekre, Aboubekre mourait à Médine dune maladie soudaine, dictait son testament à ses officiers et nommait Omar pour son successeur. « Omar sera trop sévère aux musulmans, lui représentaient ses amis. - Non, répondait Aboubekre, il nest sévère que quand je suis moi-même trop doux ; mais jai remarqué que quand je suis sévère, il me demande toujours la grace des coupables ». On introduisit Omar. « Je te nomme khalife, » lui dit Aboubekre. Omar le supplia de désigner un autre plus digne de lui, ajoutant quil navait aucune ambition de cette suprême responsabilité. «Je le sais, et cest pour cela que je te désigne, répondit Aboubekre, tu nas pas besoin du khalifat, mais le khalifat a besoin de toi. » Appuyé sur le bras dEsma, sa femme, Aboubekre savança péniblement vers une fenêtre ouverte sur la place de Médine, couverte de peuple qui attendait sa dernière parole avec anxiété. « Musulmans, dit-il dune voix éteinte, je désigne Omar pour mon successeur, lacceptez-vous ? - Nous lacceptons, » répliqua unanimement le peuple. Il expira au bruit des bénédictions qui louaient son règne. « Ma nourriture est celle de ma famille, dit Aboubekre dans ses adieux au peuple, pendant que jai été khalife, a coûté huit mille dirheins (petite pièce de monnaie) aux musulmans. Je leur lègue la portion de jardin que je possède dans la campagne de Médine, pour les indemniser des frais que je leur ai coûté ». Tel était le scrupule dun homme qui disposait déjà des dépouilles de lArabie, de lIrak, de la Syrie, dune partie de la Perse et de lempire romain.
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