Les poètes et les lettrés de lArabie étaient les derniers abandonner les fables traditionnelles dont ils nou rrissaienl limagination du peuple. Ils entretenaient une vive opposition contre le prophète. Ils déploraient hautement la défaite des Coraïtes à Béder et la victoire de Mahomet sur les dieux du pays. Lun deux, en revenant de la Syrie, eut laudace daller vénérer la tombe des martyrs sur le champ de bataille. Il fit monter son dromadaire sur la citerne comblée. où gisaient des cadavres des vaincus; il lui coupa les oreilles en signe de deuil, et chanta dit haut de cette tribune funèbre une élégie éloquente sur la défaite des dieux. Mahomet, irrité, le fit poursuivre dasile en asile jusquà ce quil expirât de misère dans le désert. Un autre poète illustre nommé Caab, remplissait Médine de satires populaires contre le prophète et ses adhérents. Ses vers, à la fois impies et licencieux, inspiraient lincrédulité aux hommes et linfidélité aux femmes. Mahomet, offensé et scandalisé de cette dépravation, sécria un jour : «Qui me délivrera de cet homme ? ». Cinq de ses gardes prirent ce voeu pour un ordre, attendirent le poète dans une rue de Médine et limmolèrent à lindignation du prophète . La terreur imposa silence à lopinion. Le sang de ses ennemis coula à son moindre signe. Ses expéditions successives, conduites tantôt par Ah, tantôt par Othman, tantôt par Aboubekre, ramenèrent à Médine les riches dépouilles des caravanes et imposèrent au loin la soumission aux Arabes du désert. Mahomet, toujours altéré damour, dépassa bientôt le nombre dépouses prescrit par sa propre loi aux musulmans. II se fit exception en tout, quand il ne se fit pas modèle. Ses nombreux mariages furent aussi des traités dalliance entre lui et les tribus enchaînées à sa cause. Cette année, la fille dOmar, Hafsa, perdit son mari Khonaïs. Omar offrit la veuve en secondes noces à Othman, fils dAffran ; celui-ci hésitait à laccepter à cause de la fierté de son caractère. Omar sen plaignit à Mahomet.
«Je la prends, lui dit son maître ; Othman épousera une femme supérieure à Hafsa, et Hafsa aura un mari supérieur à Othman !» Il en épousa une autre, Zaynab, qui se signala entre toutes les épouses par sa bienfaisance et par ses aumônes, elle reçut le surnom de mère des pauvres.
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